Voilà pourquoi Le gouvernement interdit à Oxfam de fonctionner, alors que l'Organisation est fermée en Haiti depuis un an
22 février dernier, le ministère haïtien de la Planification et de la coopération externe décrétait la suspension pour une durée de deux mois des activités d’Oxfam Grande Bretagne en Haiti. Seul hic, Oxfam Grande-Bretagne n’opère plus en Haiti depuis un an et n'a donc pas de bureau dans le pays. Ci-après, un communiqué de l’ONG repris au Nouvelliste.
Beaucoup d’informations circulent ces derniers jours au sujet de OXFAM à cause de certaines actions commises par d'anciens membres du personnel d’Oxfam Grande-Bretagne en 2011. Les faits reprochés allaient à l’encontre de notre code de conduite, très stricte quant au comportement que devrait avoir tous ceux qui portent la bannière OXFAM.
Nous voulons clarifier que, dès que OXFAM avait été mise au courant des allégations à travers nos canaux de dénonciation anonymes, nous avons immédiatement lancé une enquête interne, et tenu la population haïtienne informée par l’entremise des médias qui publièrent des articles à ce propos en 2011. Nous avons informé nos bailleurs de fonds, et envoyé le rapport à la Charity Commission en Angleterre. Nous avons également offert nos excuses au gouvernement haïtien et reconnu que nous aurions dû alerter les autorités locales par rapport à certaines allégations portées dans le temps.
L’investigation avait démontré qu’il y avait eu un flagrant bris de notre code de conduite, et Oxfam Grande-Bretagne a mis fin au contrat de quatre personnes ; simultanément trois autres ont démissionné. Tous ces évènements passés, il y a sept ans, qui sont remontés à la surface, nous font reconnaître, avec le recul, que nos procédures étaient inadéquates à l’époque. Depuis 2011, nous travaillons sans relâche à renforcer et améliorer nos systèmes internes.
La structure de Oxfam en Haïti a changé à travers les années. Oxfam Grande-Bretagne gérait la majorité des programmes en Haïti pendant de nombreuses années, et depuis 2017, c’est Oxfam Intermon (Espagne) qui détient ce rôle dans le pays et dans une grande partie de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes. Conséquemment, depuis l’année dernière, Oxfam Grande-Bretagne ne possède pas de bureau en Haïti, mais envoie régulièrement des spécialistes pour appuyer les programmes. Aujourd’hui, nos employé(e)s qui travaillent en Haïti pour divers affiliés, c’est-à-dire Oxfam Intermon, Oxfam Québec et Oxfam Italie, coexistent dans nos zones d’intervention.
Oxfam Grande-Bretagne contribue auprès d’Oxfam Intermon (Espagne) au budget annuel du bureau de OXFAM en Haïti à hauteur de 3,2 millions d’euros depuis l’Angleterre. Avec la ferme intention de collaborer avec le gouvernement haïtien, nous avons demandé de clarifier en quoi se traduit le retrait provisoire de la reconnaissance octroyée à Oxfam Grande-Bretagne en Haïti, et de nous expliquer quels seront l’ampleur et le contenu de l’investigation annoncée.
Grâce à des employé(e)s et des bénévoles majoritairement de nationalité haïtienne qui respectent toutes les valeurs de OXFAM, cela fait 40 ans depuis que nous travaillons dans tout le pays en étroite collaboration avec les autorités et partenaires locaux. Depuis 1978, les affiliés de OXFAM ont, entre autres, appuyé et accompagné les autorités haïtiennes, malgré les bouleversements, dans la préparation et la gestion des bassins versants, ainsi que des risques et désastres. Par exemple, plus de 160 000 Haïtiens ont pu bénéficier de l’aide apportée lors du passage de l’ouragan Matthew avec l’installation de toilettes, de points de lavage et d’eau potable, et la distribution de kits sanitaires d’urgence. Nos employé(e)s ont aussi appuyé les structures locales du ministère de la Santé publique et de la Population à baisser le nombre de cas de la maladie dans le Nord, le Nord-Est et le Centre entre 75% et 82%, et il n’y a toujours pas de cas répertoriés dans le Centre pour 2018. Tout cela est possible grâce aux efforts de prévention et de sensibilisation du traitement de l'eau, des mesures à prendre face à la maladie, et de l’appui apporté aux structures décentralisées du MSPP pour la prise en charge des personnes atteintes. Nous sommes très inquiets que la mesure conservatoire du gouvernement haïtien, qui consiste en la suspension d’Oxfam Grande-Bretagne en Haïti pendant deux mois, le temps que l’enquête soit complétée, affecte les programmes déployés dans le pays.
Il est regrettable que la réputation d’Oxfam risque d’être entachée, et que des membres du personnel actuel en Haïti se sentent dévalués et menacés à cause de quelques individus qui travaillaient dans le temps avec l’affilié Oxfam Grande-Bretagne ; alors qu’il y a 248 employé(e)s qui se donnent cœur et âme avec les partenaires et les autorités locaux pour aider à combattre les inégalités et les injustices en Haïti directement sur le terrain.
Nous réitérons notre engagement envers Haïti et son peuple. Les employé(e)s d’Oxfam en Haïti tiennent à continuer leur travail pour contribuer au changement positif en Haïti, au niveau de la promotion d'un agenda binational, et des travailleurs et travailleuses transfrontaliers. Ils et elles veulent continuer à appuyer le relèvement et le recouvrement des moyens d'existence des communautés affectées par les aléas naturels. Nous voulons continuer à travailler avec elles sur les droits des femmes pour arriver à une vraie égalité entre les femmes et les hommes.
Oxfam International a aussi annoncé des initiatives visant à améliorer ses politiques et pratiques de vigilance à l'échelle mondiale, avec notamment la mise en place d'une commission indépendante et l'affectation de plus de personnel et de ressources pour ses équipes de vigilance en coordination avec nos partenaires et les autres organisations internationales. Oxfam possède un code de conduite rigide, et nous n’acceptons pas son non-respect qui porte préjudice à nos valeurs, et surtout à tous les employé(e)s dévoué(e)s, et au peuple haïtien.
Source: loophaiti.com
Source: loophaiti.com
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